Les Stoïques
Débander l'arc ne guérit point la plaie.
Marot
La tristesse a vaincu, je souffre & je me tais :
J'ai de mon doigt glacé comprimé ma blessure,
Ma tête se redresse & ma voix se rassure...
Où sont les vers que je chantais ?
Que sont-ils devenus, les chants de ma jeunesse ?
L'écho me les demande & je ne les sais plus.
— La plage est bien muette après le grand reflux,
Avant que le flux ne renaisse.
Laissez la mer monter & le temps s'accomplir.
Comme aux jours de Marot cette parole est vraie,
Pour moi « l'arc débandé n'a pas guéri la plaie »,
Et j'ai senti mon cœur faiblir.
Ainsi l'enthousiaste observant un long jeune
Cachera sa pâleur ; &, fière de mes maux,
Moi, sur ma lèvre en feu, j'étoufferai ces mots :
J'aime encore & suis toujours jeune !