Charles Asselineau
Irène Chichmanoff
Emmanuel Des Essarts
Paul Mariéton
Abel Peyrouton
Arthur Rimbaud
Ludovic Spizio
Claire Stephens
Charles Asselineau
Un poëte, après une première lecture des Rayons
perdus, écrivait pour résumer son jugement :'Très féminin de sentiment &
très viril d'expression.' Ce double mérite, ces mérites contrastés
suffisent pour constituer à l'auteur une véritable originalité & pour
expliquer son succès, cet étrange succès, étrange de nos jours, de cinq
cents exemplaires vendus en moins d'un mois.
Préface de la seconde
édition des Rayons perdus, 1869
Irène Chichmanoff
C'est Mme Louisa Siefert qui a porté à sa perfection
cette poésie du cœur déçu et douloureux dont Mmes Desbordes-Valmore et
Blanchecotte avaient déjà su exprimer de si profonds accents. Il était
réservé à cette frêle jeune fille de dire de la manière la plus juste et
la plus complète ce que la femme peut souffrir par l'amour. C'est donc
encore une poésie purement sentimentale que nous offre Mme Louisa
Siefert, mais l'expression de cette poésie a acquis dans ses mains une
précision, une netteté, un réalisme auquel le mouvement naturaliste a
beaucoup contribué.
Étude critique sur les femmes poètes en France au XIXe siècle. Thèse.
Berne. 1910
Emmanuel Des Essarts
La poésie française vient de subir une perte des
plus douloureuses : en pleine floraison d'âge et de génie, Louisa
Siefert a été ravie aux musées, à la famille, à l'amitié. Car Mme Louisa
Pène-Siefert était, à ne pas en douter, avec Mme Ackermann et Mme
Blanchecotte l'une des trois femmes réellement douées pour l'art du
rythme qui se soient révélées en notre dernière période littéraire. [...]
À cette harmonieuse triade revenait uniquement le don suprême,
c'est-à-dire, l'originalité, la nouveauté divine et souveraine... elles
seules avaient ajouté une note personnelle et neuve à la poésie de notre
temps.
Revue bleue 1881
Paul Mariéton
Je viens de lire et relire les pages consacrées par Mme
Siefert à la mémoire de sa fille. C'est navrant. Ce livre charme et
étonne à la fois, de la part d'une mère. Une existence douloureuse
secouée d'exaltations, des déceptions sans nombre faiblement compensées
par la vision lointaine d'une gloire désirée et qui tarde à venir, voilà
la vie, voilà la poésie de Louisa Siefert. [...] Savez-vous qu'il est
grave pour un poète de livrer au public les confidences de son cœur,
plus grave encore si ce poète est une femme, tout à fait périlleux
enfin, si cette femme est une jeune fille.
Joséphin Soulary et la Pléiade lyonnaise, 1884
Abel Peyrouton
Pagny (un sculpteur) a fortement accusé cette nature
complexe : le buste de Louisa Siefert dit la poésie, le charme de cette
âme d'élite ; il dit aussi les nobles révoltes de celle qui, dans les
affolements de la défaite, sentit la morsure et l'outrage du vainqueur,
de la femme qui au soleil de sa jeunesse eut cette grandeur de
tressaillir sur la tombe de Caton et de rappeler au monde les fières
vertus des stoïques. Avant tout la femme, Louisa Siefert fut de son sexe
; elle aima.
"Louisa Siefert et son œuvre," Lyon-Revue, 1880
Arthur Rimbaud
Vous aviez l'air de vouloir connaître Louisa Siefert,
quand je vous ai prêté ses derniers vers ; je viens de me procurer des
parties de son premier volume de poésies, les Rayons perdus, 4e édition.
J'ai là une pièce très émue et fort belle, Marguerite. -- C'est aussi
beau que les plaintes d'Antigone [anumphé] dans Sophocle.
Lettre à Georges Izambard, 1870
Ludovic Spizio
L'œuvre de Louisa Siefert est la manifestation de trois
personnalités : d'une femme, d'une patriote, et d'une artiste. La femme
a écrit Rayons perdus, les Stoïques, les Poésies inédites ; la patriote,
les Saintes Colères ; l'artiste, l'Année républicaine, les Comédies
romanesques, Méline.
"L'Âme féminine : Louisa Siefert." Revue internationale, 1887
Claire Stephens
Ceux qui ont eu le privilège de voir Louisa Siefert à
Aix, "lors de sa dix-septième année," en ont conservé un souvenir qu'ils
aiment à rappeler. C'est ainsi que nous voulons la voir une dernière
fois; évoquons-la dans sa robe bleue aux blanches dentelles, le teint
transparent, éclairée et comme consumée par une flamme intérieure,
presque diaphane, absorbée par le sentiment si pur qui l'inspire et fait
briller sur son front la poétique auréole de ses Rayons perdus.
"Un vrai poëte: Louisa Siefert." Bibliothèque universelle et revue
suisse, 1878