Les Stoïques
Et tu te plains?
Épictète
C'est vrai, j'ai peu d'égards aux vains regrets d'autrui ;
Pour tous, comme pour moi, je suis presque trop forte,
Et, coupable parfois au moment qu'elle exhorte,
Ma volonté superbe endure mal l'ennui.
Ah ! quand on voit demain triste autant qu'aujourd'hui,
Quand on passe sa vie a dire : Que m'importe ?
A repousser du pied comme une chose morte
Tout rêve qui demeure après l'espoir enfui ;
Peut-être la douleur qu'on veut garder secrète
Vous donne-t-elle aussi des mots impérieux ;
Et d'un geste écartant les regards curieux,
Comme celui qui souffre en lisant Épictète,
Ravi par la vertu des Stoïques anciens,
Traite-t-on tous les maux comme on traite les siens.