Rêves et Réalités

A M. A. de L.

Après son sang, ce que
l'homme peut donner
de plus de lui, c'est une larme.
LAMARTINE.

Lorsque de jeunes voix s'essayant sur la lyre,
Font vibrer jusqu'à vous leurs chants nés de vos chants,
Ah ! donnez-leur encore un doux mot, un sourire,
D'un accueil généreux témoignages touchants !
Et si l'une a des pleurs que votre âme devine,
Dont le cri douloureux vous cause plus d'émoi,
Alors, ô Lamartine,
Souvenez-vous de moi!


Le cœur pur de la femme au vôtre se révèle ;
Jouissez de ses bruits, échos mystérieux !
C'est la fleur qui s'entr'ouvre à l'aurore nouvelle,
C'est l'oiseau qui soupire, égaré dans les cieux.
Mais lorsqu'une humble enfant, confidence divine,
Sans art vous dit son âme, et son rêve et sa foi,
Alors, ô Lamartine,
Souvenez-vous de moi !


Oublier est l'instinct de la foule inconstante ;
Mais jamais les grands cœurs ne sauraient oublier
Même un sanglot sorti d'une âme palpitante,
Même un regard tombé sur qui semblait plier.
Ah ! si parfois un front que le regret incline,
Se représente à vous, pâle d'un doux effroi,
Alors, ô Lamartine,
Souvenez-vous de moi !

Juin 1851.

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