O mes sœurs, ils ont dit : « La femme doit briller
Par ses yeux, ses rubans, son éclat printanier;
Mais l'encre ou la couleur souilleraient notre Armide. »
Ils l'ont cloîtrée alors dans l'oisive beauté,
Comme une pauvre reine, au front diamanté,
Qu'on emprisonnerait dans un palais splendide...

- "La Femme du monde," La Femme, 1847

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Devenue, à quinze ans, l'épouse heureuse et bien-aimée de M. Victor Ségalas, avocat à la Cour d'appel de Paris, la jeune femme fit paraître, dans l'année qui suivit son mariage, et sous ce titre : les Algériennes, les premiers fruits de sa muse que jusque là elle avait tenus cachés...

-Revue des biographies des célébrités contemporaines, 1851

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Anaïs Ségalas - 1814-1893. Fille d'un père picard (marchand de toile et de rouennerie) et d'une mère créole, Anaïs Ségalas publia son premier volume de vers, Les Algériennes, en 1831.

Après son mariage avec un avocat à la Cour royale de Paris, la ravissante Anaïs vécut confortablement comme les bourgeoises de l'époque Louis-Philippe dont elle partageait d'ailleurs les préjugés. Ses exhortations en vers à une charité de bon ton envers les ouvriers ne dépassent pas le sentimentalisme pleurard que ce sujet provoque chez la plupart des poètes romantiques. Tout aussi décevant, son féminisme à l'eau de rose se limite à réclamer pour les dames des claviers, des plumes et des pinceaux plutôt que des rubans ou des colliers.

Son talent est ailleurs, dans Enfantines, un recueil tout scintillant de rêveries et de féerie que lui inspire l'amour maternel. Mme Ségalas dessine des palais de cristal, des fées, des lutins et des feux follets avec une ingéniosité qui rappelle celle de Granville dans ses Fleurs animées.

L'intérêt pour le monde exotique dont témoigne Les Oiseaux de Passage s'explique peut-être par l'influence de Bernardin de Saint-Pierre et de Chateaubriand.

Mais les origines maternelles d'Anaïs Ségalas lui ont certainement mieux fait comprendre le drame des gens de couleur. Bien qu'influencé par Hugo, son sentiment cruellement réaliste de la mort reste personnel. Ces êtres qui sont plus qu'une chose et moins qu'un homme, et dont elle imagine la décomposition, sont évoqués avec une violence et une singularité fort éloignées de celles des « poétesses dolentes. »

- Jeanine Moulin, 1966.

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